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Le Bulot : Biologie, techniques de p�che, production, commercialisation INTRODUCTION Buccinum undatum (Linnae, 1758) appel� buccin ou bulot
vit dans les eaux froides de l'Atlantique Nord. Cette esp�ce, � grande r�partition
g�ographique et � forte densit� sur les zones c�ti�res, est largement
exploit�e depuis une cinquantaine d'ann�es au Canada et en Europe du Nord. En
France, la quasi totalit� des d�barquements est r�alis�e en Ouest Cotentin
par une flottille de caseyeurs. Le prix de vente a �galement connu un essor important
li� � une forte demande et � une meilleure organisation du march�.
L'organisation de cette p�cherie s'est progressivement mise en place en �troite
collaboration avec les p�cheurs professionnels. Aujourd'hui, c'est principalement le Comit� R�gional des P�ches Maritimes de Basse Normandie (CRPMBN) qui, en relation avec les services des Affaires Maritimes, assure la gestion de cette p�cherie. Une demande d'�tude a �t� r�clam�e par plusieurs industriels quant au potentiel de d�veloppement de la p�che au bulot dans le Nord Cotentin et en Baie de Seine. Cette demande est motiv�e par plusieurs faits : irr�gularit� d'approvisionnement en bulots, fluctuation du prix du bulot sous la cri�e de Granville, n�cessit� d'exploiter de nouvelles zones de p�che pour une meilleure qualit� (actuellement trop de bulots parasit�s). Afin de r�pondre � cette demande, j'ai rencontr� diff�rents intervenants de la fili�re scientifiques, p�cheurs, transformateurs, mareyeurs, responsables des diff�rents Comit�s Locaux des P�ches Maritimes ainsi que des responsables qualit�. 1. LE BUCCIN : RAPPEL DES CONNAISSANCES. 1.1. G�n�ralit�s. Le buccin (Buccinum undatum , Linnae 1758)
appartenant � la classe des Gast�ropodes, � l�ordre des N�ogast�ropodes
et � la famille des Buccinid�s , est une esp�ce tr�s r�pandue des eaux temp�r�es
et froides des mers du Nord (Dakin, 1912 in martel et al.1986 ). Classification du bulot
Embranchement :
Mollusques Classe :
Gast�ropodes Sous-Classe :
Prosobranches Ordre :
N�ogast�ropodes Famille :
Buccinid�s Genre et Esp�ce :
Buccinum undatum
Figure
1 : Coquille et buccin dans sa coquille D�apr�s
VERON et HUET (1983) Son aire de r�partition s��tend du Canada aux
mers sib�riennes au Nord, le New Jersey et la c�te portugaise repr�sentant sa
limite sud (Figure.2). C�est un des carnivores les plus abondants de la zone c�ti�re
peu profonde, mais on le trouve aussi jusqu�� plus de 200 m�tres, sa densit�
diminuant avec la profondeur.
Figure
2 : R�partition G�ographique du Buccin (d�apr�s QUERO) 1.2. Biologie et morphologie du buccin. L�aspect g�n�ral du corps est avant tout fonction
de l�aptitude du Gast�ropode � �laborer une coquille. Le corps proprement
dit se diff�rencie en quatre r�gions : la t�te, le pied, le sac visc�ral
et le manteau. 1.2.1. La coquille : La coquille d�un buccin se pr�sente comme un tube
conique calcifi� qui au cours de la croissance, s�enroule autour d�un axe.
La coquille grandit en m�me temps que le corps. Si la croissance du corps cesse
ou ralentit, celle de la coquille fait de m�me. Son ouverture est
proportionnelle � la dimension du corps de l�animal. La hauteur de la
coquille se mesure de l�apex � la base. Au point de vue chimique, la coquille est faite de
deux types de constituants, l�une min�rale, qui est le carbonate de calcium
cristallis�, et l�autre organique, souvent appel� conchyoline. Cette derni�re,
qui repr�sente moins de 10% du poids de la coquille, contient surtout des prot�ines,
mais on y trouve aussi des glucides et des lipides. L��dification de la coquille est une fonction qui
se prolonge pendant toute la vie du buccin puisque sa croissance ne s�arr�te
jamais. P�riodiquement, d�ordinaire une fois par an, il forme un � anneau
de croissance � (sch�ma ). L��ge du buccin est �valu� au nombre de stries
visibles sur l�opercule. De croissance lente, le bulot atteint � 10 ans une
hauteur moyenne de 8.6 cm sur la c�te Ouest - Cotentin (Santarelli et Gros,
1986 ). Des individus de plus de 10 cm ont d�j� �t� observ�s (Gendron, 1992
; Ten Hallers-Tjabbes et al., 1996 ; campagne COMOR 2000, Foucher, comm.pers.). Du point de vue de la physiologie, les �changes
aboutissant � cette construction se d�roulent entre quatre � compartiments �
qui sont le milieu ext�rieur (1), l�ensemble des tissus vivants (2), le
liquide extra pall�al (3) et la coquille (4)(sch�mas). Deux parois interviennent dans ces �changes. La
premi�re isole les tissus vivants du milieu ext�rieur ; elle est repr�sent�e
par la surface du corps et le tube digestif. L�autre s�intercale entre ces m�me
tissus vivants et le liquide extra pall�ale ; elle est constitu�e par la
surface du manteau (�pith�lium pall�al externe). La premi�re paroi laisse p�n�trer
dans le sang des ions de calcium et de bicarbonate. Le bicarbonate est r�cup�r� � partir de l�anhydrique
carbonique, CO2, gr�ce � une enzyme, l�anhydrase carbonique. Le calcium et
le bicarbonate peuvent p�n�trer directement dans le liquide extra pall�al.
C�est l� que se construit la coquille. La coloration de la coquille est due � des pigments
noirs, bruns ou rouges d�riv�s de la tyrosine. La disposition des zones
pigment�es est en rapport avec la r�partition de zones cellulaires sp�cialis�es
du bord du manteau.
Figure 3 : Relations entre le manteau et la coquille (D�apr�s Joseph Catanzano et Olivier Th�baud)
Figure 4 : Edification de la coquille 1.2.2. La t�te : La t�te, o� s�ouvre la bouche, porte une paire
d�yeux et une paire de tentacules. Le buccin a �galement des statocystes (organes de
l��quilibre et de l�orientation). Les deux yeux du buccin sont plac�s � la base des
tentacules et sont parfaitement conform�s avec corn�e et cristallin. Les
tentacules c�phaliques sont de v�ritables organes du toucher. Les organes du go�t et de l�odorat sont regroup�s
sous le nom d�organes chimior�cepteurs. Les premiers per�oivent la pr�sence
de substances chimiques par contact et les seconds les per�oivent � distance.
Figure
5 : Structure d�un
statocyste. 1.2.3. Le pied : Le principal organe locomoteur est le pied. Il forme
une sole p�dieuse large et plate. Le pied produit une pi�ce corn�e,
l�opercule qui lui permet de clore le coquille apr�s s�y �tre r�tract�. L�opercule a g�n�ralement une structure spirale
dont le point de d�part est nomm� nucleus
marginal. Il marque l�origine de l�enroulement spiral. La progression est assur�e par les muscles p�dieux
qui se contractent par ondes successives.
Figure
6 : Bulot rentrant dans sa coquille
1.2.4. Le manteau : Le t�gument des buccins est plaqu� � l�int�rieur
de la coquille qu�il secr�te, � la fois par son bord (allongement) et par sa
face externe (�paississement). Le manteau prolonge en quelque sorte la paroi de la
masse visc�rale, surtout vers la t�te o� le repli qu�il forme d�termine la
cavit� pall�ale (espace compris entre le manteau et la paroi du corps). Tr�s
importante par les organes qu�elle abrite, branchies, osphradies, glandes
hypobranchiales, la cavit� pall�ale est le si�ge d�indispensables courants
respiratoires. Elle permet � la t�te de trouver protection sous la
coquille. L�eau entre dans la cavit� pall�ale � gauche de la t�te, passe
sur l�osphradium (unique) puis sur la branchie et ressort � droite (sch�ma).
Chez les n�ogast�ropodes, le manteau et �videmment la coquille qu�il s�cr�te,
s�allongent en une goutti�re appel�e siphon. C�est par l� que l�eau
entre dans la cavit� pall�ale. L�osphradium est tr�s d�velopp�.
L�ensemble siphon-osphradium constitue un syst�me olfactif. La glande
hypobranchiale est, elle aussi, importante (figure
7).
Figure
7 : Trajet de l�eau dans la
cavit� pall�ale. 1.2.5. La masse visc�rale : La masse visc�rale est log�e dans les tours de la
coquille, le dernier tour abritant le reste de l�animal quand celui-ci se r�tracte
� la suite de la contraction du muscle columellaire. 1.2.6. Appareil circulatoire et excr�teur :
Le c�ur poss�de un ventricule et une oreillette. Le
sang est transmis au ventricule par la contraction de l�oreillette puis pouss�
dans une aorte. La propulsion du sang se trouve grandement favoris�e par les
contractions du corps. Le sang est appel� h�mocyanine (nom d� � la
proportion de fer). L �appareil circulatoire et l�appareil excr�teur
sont intimement li�s. L�appareil excr�teur du buccin est asym�trique et
consiste en un rein unique (le gauche). 1.2.7. R�gime alimentaire et appareil digestif : Guid� par son sens olfactif tr�s d�velopp�
qu�il doit au syst�me siphon-osphradium,
le buccin d�tecte et localise imm�diatement un cadavre. Le siphon
permettant de filtrer l�eau, de la canaliser. La partie ant�rieure du tube
digestif s�organise en une trompe protractile (proboscis) capable
d�atteindre une proie. Au tube digestif sont annex�es une ou deux paires de
glandes salivaires qui s�ouvrent � l�entr�e de l��sophage et puis une
glande digestive reli�e � l�estomac. La radula (sorte de langue en forme de
ruban qui supporte de tr�s nombreuses dents dispos�es avec r�gularit�) joue
un r�le important dans ce genre de r�gime n�crophage. La radula est tr�s
mobile gr�ce � de nombreux muscles. La nutrition du bulot serait variable selon la
saison, avec des chutes au moment de la reproduction et lors du r�chauffement
de l�eau (respectivement d�cembre et juillet-ao�t-septembre en Manche) (figures
8 et 9).
Figure
8 : Coupe longitudinale
d�une radula.
Figure 9 : Appareil digestif 1.2.8. Appareil
reproducteur :
C�est une esp�ce gonochorique . Les deux sexes se diff�rencient aux d�pens de la partie droite du manteau. Chez le m�le, un sillon cili� conduit les spermatozo�des jusqu�au c�t� droit de la t�te o� se trouve un p�nis.Le m�le est facilement reconnaissable par son p�nis
pouvant atteindre la moiti� de sa coquille. La maturit� sexuelle est atteinte,
pour les deux sexes, � des �ges et des tailles variant selon les conditions
environnementales locales. Au Qu�bec, la taille � maturit� est de 7-8 cm , (Gendron.,1992
) tandis qu�en France, elle est atteinte � 4 ans pour une taille de 5.5 cm et
un poids d�une vingtaine de grammes. Chez la femelle un sillon pall�al de m�me type s�est referm� et a
acquis un riche �quipement glandulaire ; c�est dans cette portion de
l�oviducte que les �ufs, apr�s f�condation interne, re�oivent un rev�tement
d�albumine et se couvrent de membranes. C�est une esp�ce gonochorique (Figure 10).
Figure
10 : Voies g�nitales. 1.2.9.
D�veloppement et reproduction : La f�condation est interne. La p�riode de
reproduction varie aussi selon les conditions environnementales. En Manche, elle
a lieu vers novembre - d�cembre. Elle est suivie peu de temps apr�s, par la ponte. Il est fr�quent, � cette
�poque, d�observer un d�placement des femelles vers le rivage o� les p�cheurs
� pied peuvent alors les capturer . Cette p�che tr�s saisonni�re, pratiqu�e aux
grandes mar�es hivernales, est connue en Normandie sous le nom de �mar�e des
chucherolles�. Les oeufs sont enferm�s dans des capsules
chitineuses soud�es les unes aux autres et accroch�es � un substrat dur.
Elles forment alors des amas plus ou moins r�guliers pouvant regrouper jusqu��
15 000 capsules contenant chacune de 50 � 2 000 �ufs. L��uf trouve sa
subsistance d�abord dans le vitellus, c�est � dire dans les r�serves
accumul�es lors de la maturation de l�ovocyte. Il s�y ajoute souvent de
� l�albumine extra embryonnaire � qui provient des glandes annexes
et dans laquelle baigne l�embryon. En outre, les normaux sont accompagn�s
d��ufs nourriciers qui d�g�n�rent et s�incorporent au mat�riel nutritif
ou qui sont mang�s par l�embryon apr�s un d�but de d�veloppement (adelphophagie). Il n�y a pas de vie larvaire planctonique. A l��closion,
vers f�vrier, chaque capsule lib�re 10 � 20 jeunes individus qui pr�sentent
d�j� les caract�ristiques morphologiques des adultes. 1.2.10.
Habitat : Il a une vie benthique, avec des d�placements limit�s
. Il est pr�sent sur des fonds de nature tr�s vari�e, mais il pr�f�re les
substrats meubles souvent riches en d�bris coquilliers (Jalbert et al., 1989 in
Gendron, 1992). Il reste le plus souvent immobile et enfoui . Le buccin est une
esp�ce st�notherme et st�nohalin : Il supporte mal les temp�ratures �lev�es
et les basses salinit�s (Gowanlock, 1927 ; Russel et Hunter, 1963 in Ten
Hallers -Tjabbes et al., 1996), une temp�rature de 29�C ainsi qu�une salinit�
de 2% lui �tant fatale.
Figure 11 : Subdivisions du milieu oc�anique
2.
CONFRONTATION DES DONNEES AVEC L�EXPERTISE DES PECHEURS, ACHETEURS, NFM ET
SCIENTIFIQUES. 2.1. D�termination des
crit�res commerciaux de taille. La taille minimale de 4.5 cm a �t� mise en place
lors d�une r�union du Comit� Interprofessionnel de la praire et autres
coquillages de p�che. Cette r�union s�est d�roul�e le 18 septembre 1985.
Il est indispensable de respecter cette taille, quand on sait que la taille
moyenne du buccin � maturit� sexuelle est de 5.5 cm. L�obligation de trier
sur zone, quand a elle, a �t� d�cr�t� le 18 novembre 1995. En 1990-95, l��cartement
des barrettes de grille �tait d�environ 16 mm. L�obligation d�utiliser un
tamis (photo 1) d�une taille r�glementaire de 19 mm date de 1996. Le tri demande des efforts importants de la part des
p�cheurs : temps de p�che, manipulations suppl�mentaires. Bien que des bulots immatures soient p�ch�s, il semblerait selon les professionnels (scientifiques et p�cheurs) que le stock de bulot reste stable gr�ce � une bonne gestion de la p�cherie avec notamment le syst�me de licence.
Photo 1 : Triage par tamis 2.2.
D�termination des crit�res de qualit�. La qualit� des produits ainsi que les d�marches
qualit�s (exemple : Label Rouge) int�ressent de plus en plus les
consommateurs. Le bulot �tant devenu un produit � consommation courante, il
n�est pas toujours facile pour les consommateurs de conna�tre sa provenance,
son origine, son degr� de fra�cheur... C�est pour cela que de nombreux professionnels
s�int�ressent de tr�s pr�s � cette esp�ce. Un groupement qualit� des Marins-P�cheurs et des
Mareyeurs de Basse Normandie : Normandie Fra�cheur Mer a d�j� identifi�
sous sa marque les coquilles Saint-Jacques (1999), et les moules de Barfleur
(2001) qui doivent correspondre � des crit�res pr�cis. Dans un article du Marin (novembre 2001) Arnaud
Manner, directeur de Normandie Fra�cheur Mer (NFM), nous fait part d�une
volont� de mettre en place un cahier des charges sur le buccin. Le probl�me sur le buccin a �t� clairement pos�:
�Que se passera-t-il lorsque des bulots hors c�te Ouest envahiront le march�
? Quelles garanties de qualit� peut-on avoir sur cette esp�ce ? � Donnons un bref r�sum� de ces crit�res de qualit�
en ce qui concerne la Coquille Saint-Jacques et la Moule de Barfleur : Coquilles Saint-Jacques : - Aspect ext�rieur : �0 parasite�. Pas de coquilles f�l�es ni �br�ch�es, le crit�re
clef �tant que l�animal puisse garder le plus longtemps possible son eau. Sur
la coquille elle-m�me, balanes et autres cr�pidules sont proscrites. - Fra�cheur : �obligation de r�sultat�. Preuve qu�elle est bien vivante, la Saint-Jacques
doit claquer sans h�sitation lors de la premi�re vente. Le consommateur aura
dans son assiette une coquille d�barqu�e au maximum 48 h auparavant. Au-del�
de ce d�lai, le d�taillant n�aura plus le droit d�afficher la marque NFM. - P�riode de p�che : de la mi-novembre � fin mars,
du moins en Manche et lorsque la coquille est coraill�e. - Deux tailles admises : 11 � 13 cm ; 13 cm et plus.
Le tri n�est cependant pas obligatoire. - Qualit� de chair : une belle noix blanche et un
corail orang�. Projet d��tiquette billot / bourriche
Figure 12 : Projet d��tiquette NFM Moules de Barfleur : - Taux de chair dans la coquille. - Propret� ext�rieure : pas de balanes et autres �pibiontes,
pas de vase. - Propret� int�rieure : absence de crabes et de
sable.
Figure
13 : �tiquette NFM pour les moules. NFM aid�e par certains professionnels a finalis�,
conjointement avec le SMEL de Blainville et avec la participation du CLPM de
l�ouest Cotentin, une �tude en vue d�analyser l�incidence des pratiques
de p�che sur la fra�cheur du buccin. Mes entretiens avec Arnaud Manner et
Dominique Lamort (collaborateur � NFM) m�ont beaucoup appris sur le bulot. La qualit� du bulot d�pend de nombreux facteurs. La propret� : Le bulot
doit �tre propre c�est � dire sans s�diment, sans reste de bo�tte. Il faut
donc le trier, le laver et le rincer. Taille homog�ne et r�glementaire
: La taille minimale de commercialisation �tant de 4.5
cm, chaque p�cheur doit rejeter les sous tailles dans la zone o� il p�che. Lors d�un entretien avec le directeur d�une
entreprise de transformation, le probl�me des plaintes et des r�clamations en
ce qui concerne la qualit� du tri des bulots achet�s sous la cri�e de
Granville est r�curent. Pour lui, les bulots ne sont pas assez tri�s. On
trouve dans chaque lot une quantit� non n�gligeable de sous-taille et de
bulots galeux. Cette ann�e, il n�aurait pas encore achet� de bulot sous la
cri�e de Granville. L�essentiel de ses achats ont �t� effectu� � l��tranger
: en Angleterre et en Irlande (800 tonnes). Ce n�est pas la seule raison, le
prix y �tant aussi pour quelque chose mais ceci montre n�anmoins qu�on peut
am�liorer la qualit� en effectuant plus de triage. La plupart des p�cheurs que j�ai rencontr�,
m�ont relat� la proportion importante de sous taille remont�e dans leurs
casiers � savoir entre 30 % et 50 %. Le triage permet aussi d��liminer les prises
accessoires comme : les nasses (Nassarius reticutatus), les nucelles (Nucella
lapillus) et les murex (Ocenebra erinacea). (Figure 14 ). Ces prises accessoires peuvent repr�senter jusqu�� 50% des prises d�un casier selon les p�cheurs. La profession avance deux explications sur le probl�me du tri notamment avec les deux m�thodes principales :
Figure
14 : Prises accessoires (J.
NICHOLLS) Les diff�rentes m�thodes pour trier le bulot sur
les bateaux : - Le tamis : efficace, il prend peu de place
mais il ne peut accueillir qu�une petite quantit� de bulot � la fois.
Beaucoup de p�cheurs mettent trop de buccin sur le tamis ( gain de temps) ce
qui implique un tri mal fait. - La trieuse hydraulique, cylindre : compos�e
de barrettes �cart�es actionn� par un moteur et dont la rotation provoque un
tri s�lectif des bulots. Cet engin demande un fort investissement et de la
place sur les bateaux. Les petits bateaux ne peuvent pour l�instant pas en
installer, mais un projet de fabrication de trieuse de petite taille serait en
cours. Les sous-taille sont remis directement sur zone La Fra�cheur : Le bulot doit �tre bien vivant, mobile, son opercule
bien adh�rent, il doit se r�tracter au touch� et ne pas avoir d�odeur d�sagr�able. Pour cela, il faut veiller � ne pas le laisser trop
longtemps hors de l�eau, � le prot�ger contre le vent,
la pluie et contre le soleil avec par exemple des b�ches Les caseyeurs utilisent la n�crophagie du bulot pour
le p�cher. Il est donc tr�s important de les rincer pour enlever toute odeur
et tout reste de charogne. Sur le constat de la profession, un bulot bien lav�
se conserve plus longtemps. La qualit� de la bo�tte influe directement sur la
capturabilit� du bulot. D�apr�s Himmelman (1998), la forme et la taille de
l�aire de capture d�un casier sont principalement d�finies par les
conditions de courant (vitesse et sens). Un courant fort va augmenter l�aire
de dilution de l�app�t mais va diminuer la vitesse de d�placement des bulots
vers le casier. La qualit� et la quantit� d�app�t a donc une influence sur
la capacit� d�attraction du casier mais aussi sur la qualit� du bulot (go�t
et odeur). Actuellement, 70% des bulotiers travailleraient �
trois app�ts. Les bo�ttes les plus souvent utilis�es sont : roussettes, crabes vert, tourteaux. Selon les arrivages, les bulotiers utilisent aussi
des t�tes de morue, des �trilles ou des araign�es. Ces app�ts sont achet�s dans diff�rentes soci�t�s
comme : Cop�port, Sonefa, K Dual.... Plusieurs p�cheurs m�ont fait part de l�arriv�e
de nouvelles bo�ttes sur le march� notamment de petit boudin de poisson venant
d�une entreprise de Concarneau. Le budget d�app�t aurait tripl� en 20 ans. La
forte demande aurait augment� le
prix de vente de ces esp�ces servant de bo�tte. Les crustac�s seraient les plus attractifs, leur
carapace permettant une diffusion assez longue de l�odeur. La roussette quant
� elle garantirait une nourriture suffisante pendant 24 heures pour les bulots
du fait de sa peau et de sa chair dure. Enfin, selon les professionnels la fra�cheur
de l�app�t va d�terminer la qualit� olfactive du bulot. L�utilisation de pouche (filet � maille tr�s
fine) n�a pas de cons�quence n�gative sur la qualit� du bulot � condition
que les bulots n�y restent pas trop longtemps. Les pouches sont utilis�es
comme des viviers, elles sont laiss�es dans l�eau pour garder le surplus de p�che
(si le quota a �t� d�pass�). Un des probl�mes revenant souvent est le probl�me
des bulots galeux. Parasitage : (Figure 15 et 16). On parle de bulot parasit� lorsqu�il y a pr�sence
de balanes (Chthalamus stellatus et Balanus balanoides) ou de cr�pidule (Crepidula
fornicata).
Figure
15 : Cr�pidules (Cr�pidula fornicata)
Figure 16 : Balanes
(Chthamalus
stellatus � Banalus balanoides) Le balane est un petit crustac� sessile, fix� sur
les rochers littoraux ou sur les coquillages, entour� de plaques calcaires
blanches formant au centre un opercule. Sa taille est d�environ 1 cm.. La cr�pidule est un m�sogast�ropodes (gast�ropode
qui pr�sente un c�ur avec une seule oreillette, un seul rein et une seule
branchie) qui a une coquille de 2.5 cm de large, ovale. Elle est g�n�ralement
fix�e � d�autres sujets de la m�me esp�ce ou � des bivalves (moules, hu�tres..). Les balanes comme les cr�pidules agissent sur la
qualit� du bulot. Le balane alt�re le go�t du bulot lors de la cuisson en
tombant sur la chair et en la rendant croquante. La cr�pidule quand a elle,
meurt avant le bulot et lui donne une odeur de charogne. De plus, ces parasites font peser plus lourd le bulot
ce qui est une perte directe pour les transformateurs et les consommateurs. Une
entreprise de transformation s�est plainte du nombre croissant de bulot galeux
dans les caisses achet�es. Selon Dominique Lamort de Normandie Fra�cheur Mer,
les parasites se d�velopperaient de f�vrier � mars, et affecteraient plus ou
moins certaines zones. Une des solutions envisageable, serait la vigilance des p�cheurs
� cette p�riode de l�ann�e. Si une zone est parasit�e, il est possible de
s�parer les fili�res ou les casiers lors de la mise en gr�le. Toutes les
zones ne sont pas parasit�es, on peut donc diminuer le nombre de bulots galeux. L��laboration du cahier des charges n�est pas
encore finalis�e mais devient � l�heure actuelle tr�s important pour l��quilibre
de la p�che au bulot. Plusieurs acheteurs n�acceptent plus le manque de
qualit� sur le bulot normand et ach�tent de plus en plus en Angleterre o� le
produit serait mieux travaill�. Ci-dessous, la nouvelle classification du bulot sur
la cri�e de Granville : 3 cat�gories de pr�sentation en fonction de leur
niveau de parasitage (source NFM) (Photos 2).
2.3. D�termination
d�un lien possible entre lieux de p�che, mode de p�che et saisons de p�che. On voit bien, d�apr�s ce qui a �t� dit pr�c�demment
que le lieu de p�che, le mode de p�che et les saisons de p�che sont
intimement li�s et d�terminent la qualit� du bulot. La saison la moins
profitable, selon les p�cheurs est l��t� � cause de l�enfouissement du
bulot (chaleur). Cette saison est appel�e � la coupure �, car soit
ils ne p�chent pas, soit leur p�che est largement inf�rieure aux autres
saisons. La plupart des p�cheurs rencontr�s sont favorables � la mise en avant de la promotion du bulot et y participent mentalement et financi�rement. Leurs objectifs sont une meilleure valorisation du produit, un prix plus �lev� et la reconnaissance du produit bas-normand par rapport aux importations �trang�res (anglaises ou irlandaises). 3. DESCRIPTION
DE LA PRODUCTION ET DU MARCHE SUR LE PLAN EUROPEEN
3.1.L�Europe dans le contexte mondial. Le buccin est essentiellement p�ch� au casier
qu�il soit en plastique ou en bois. Il est exploit� depuis longtemps au
Canada (Villemure et Lamoureux, 1974 in Martel et al ., 1986), dans la Mer de B�ring
et la Mer d�Okhotsk et, en Europe, en Mer du Nord et en Manche . Les donn�es
de production mondiale disponibles (F.A.O.) sont tr�s fragmentaires et ne sont
pas repr�sent�es dans ce document, le buccin n��tant pas une esp�ce dont
les d�barquements sont significatifs � cette �chelle. En Europe, la
production (figure 4) aurait tripl� en presque 20 ans : de 5 139 tonnes (Veron
et Huet, 1983) dans les ann�es 80, � 16 600 tonnes en 1998 (sources : ICES).
En Irlande, l�effort de p�che a augment� de 44% entre 1990 et 1993 (Fahy et
al. , 1995). Les d�barquements ont fortement augment� dans les ann�es 90 avec
l�ouverture de nouveaux march�s vers l�Extr�me Orient, particuli�rement
le Japon et la Cor�e. Depuis quelques ann�es, Saint-Pierre-Et-Miquelon a
investit dans le bulot face � la chute de la p�che � la morue. Ce d�veloppement
a vu le jour avec l�augmentation de la demande du march� asiatique ( Cor�e,
Chine, Japon ) qui a pouss� � l�investissement d�unit� de transformation
: bulots cuits, crus, d�coquill�s ou non. Le prix d�achat de ce gast�ropode
est en moyenne de 0,46 euro par kilo ce qui est tr�s comp�titif. (sources
PDM N� 70 � d�cembre, janvier 2002) De 1995 � 1998 au Canada, les d�barquements de buccin ont oscill� autour de 1000 tonnes et ils ont atteint un maximum de 1430 tonnes en 1999 soit une hausse de 70% par rapport � 1998 (Tableau 1). En 1999, 95% des d�barquements proviennent de la C�te Nord. Cet effort de production peut s�expliquer par la rentr�e du buccin canadien sur le march� japonais (MPO, 2000. Buccin des eaux c�ti�res du Qu�bec. MPO - Sciences ; Rapport sur l��tat des stocks C4 - 09 (2 000)). En effet, le buccin du Canada (plus gros) a �t� bien accept� sur le march� japonais en raison de sa similarit� avec la viande (le buccin �tant utilis� pour la confection de nombreux produits).
Tableau 1 . D�barquements de Buccins par zones de p�che au Canada
Figure
17 : (Source : ICES)
Figure 18 :
r�partition des d�barquements europ�ens de Buccinum undatum de 1990 � 1998 par pays (Source : ICES) L�Irlande, premier pays producteur en 1995 (5 900
tonnes) ; d�apr�s les donn�es ICES, a vu sa production chuter (3 667 tonnes
en 1998) � cause d�une surexploitation de leur stock (Fahy et al., 1995).
Depuis 1999, la production du buccin � de nouveau progress�e. En 2000, l�Irlande
a export� 4119.7 tonnes de buccin (tableau 2 ).
Tableau 2 : Quantit� de bulot irlandais export�s
en France en 2000 (source : BIM) De 1995 � 1998, en Ecosse, les d�barquements de
buccin ont �t� au alentour de 1100 tonnes et ils ont atteint un maximum de
2274 tonnes en 2000 (tableau) soit une production
qui a doubl�. Source : Fisheries
Statistics Unit (fsufish.defra.gsi.gov.uk) L�Ile de Man et la Belgique p�chent aussi
traditionnellement le buccin avec de faibles d�barquements (pour chaque pays
moins de 1% de la production europ�enne ). La p�che au buccin a connu une forte progression en
Angleterre dans les ann�es 1990 en raison d�une augmentation de la demande.
En 1995, 4 392 tonnes de bulots ont �t� d�barqu�es en cri�e. En 1998, la
quantit� d�barqu�e �tait de 5 412 tonnes. Depuis, les captures de bulots
n�ont cess� d�augmenter et ont atteint 8 471 tonnes en 2 000. Il ne faut pas oublier les quantit�s de bulots qui
ne passent pas en cri�e et qui ne sont donc pas comptabilis�es dans ce
tableau. Les zones de p�che les plus importantes sont : Yorkshire et l�Ouest
de la Manche. Depuis quelques ann�es des scientifiques s�int�ressent � la
taille de la maturit� sexuelle du buccin du fait d�une baisse sensible des
stocks (Figure
19). Ce
graphique nous montre bien que la taille � maturit� sexuelle varie fortement
selon les zones c�ti�res.
Figure 19 : Taille du bulot � maturit� sexuelle Source :
Fisheries Statistics Unit (fsufish.defra.gsi.gov.uk) La vente de bulot sous cri�e en France a aussi connu de nombreuses variations. En 1995, la vente repr�sent�e 3479 tonnes pour 6266 tonnes en 1998. En 1999, la vente de bulot sous cri�e est pass�e de
5941 tonnes avec un prix moyen de 1.02 euros par kilo � 6396 tonnes en 2000
pour un prix moyen de 1.27 euros par kilo. De 1999 � 2000, la quantit� de
bulot vendue sous cri�e a augment� de 8% et sa valeur de +35%. Les retraits
quant � eux sont assez minimes, en 1999 ils �taient de 8.9 tonnes pour 4.7
tonnes en 2000. Les retraits ont diminu� de 47% de 1999 � 2000. En 2001, la quantit� de bulot mise en vente �tait
de 6974 tonnes avec un volume de retrait de 140.6 tonnes d�o� une quantit� r�elle
de 6834 avec un prix moyen de 1.29 euros par kg. De 2000 � 2001, les quantit�s vendues ont augment�
de 7%, la valeur a augment� de 9% et enfin, le prix moyen de +2% (Source :
OFIMER) (Tableau
3).
Tableau 3Source :
OFIMER Synth�se mensuelle. Donn�es de commercialisation sous cri�e. En 1999, la quantit� de bulot p�ch� �tait de
12729 tonnes pour une vente sous cri�e de 5941 tonnes. Tout ceci montre bien,
que seule une partie de la p�che est vendue sous cri�e (Source : OFIMER). Les donn�es fran�aises sont largement sous-estim�es
et la chute de 1995 n�existe pas dans les productions estim�es. Comme il a �t�
dit pr�c�demment les d�barquements fran�ais proviennent essentiellement de
la c�te Ouest Cotentin. Or, une partie importante des p�cheurs de buccins de
cette zone ne d�barquaient pas en cri�e. Les informations provenant de l�ICES
pourraient ne provenir que de ce type de d�barquement. L�ann�e 1995
correspond � une ann�e de
discorde entre p�cheurs au sujet des mesures de gestion et ces probl�mes
pourraient avoir eu une incidence sur le mode de vente. La cri�e de Granville appara�t comme la premi�re halle � mar�e pour cette esp�ce (80 % des d�barquements, source : OFIMER). Sur le plan r�gional, plus de 6 000 tonnes sont commercialis�es directement aupr�s des mareyeurs et ne sont pas prises en compte dans les statistiques nationales. Il en est de m�me, � l��chelle du golfe Normand Breton, des productions des p�cheurs de Saint-Malo (environ 3 000 tonnes par an) et de celle des producteurs de Saint-Brieuc (production non estim�e). Le poids du bulot par rapport aux autres coquillages de p�che :
Tableau 4
Source :
OFIMER Bilan annuel de production 1999 des p�ches et de l�aquaculture. En 1999, le buccin �tait le deuxi�me coquillage le
plus p�ch�. Le buccin est une esp�ce dont les caract�ristiques
biologiques en font une esp�ce particuli�rement sensible � une
surexploitation : faible vitesse de croissance avec une maturit� tardive,
faible f�condit� et pas de stade planctonique permettant la dispersion, s�dentarisation
des adultes. De plus, c�est une esp�ce sensible � la pollution et � de
fortes concentrations de TBT(provenant de peinture anti-fouling) provoquant l�imposex
(les femelles d�veloppent un p�nis). La pollution associ�e � la surp�che a
provoqu� l�extinction de certains stocks dans diff�rentes zones de p�che.
Ainsi, la p�cherie de la mer de Wadden en Mer du Nord a disparu (Caddee et al.,
1995 in Nicholson et al., 1997) et la zone de p�che du Sud Est de l�Angleterre
a �t� r�duite � une petite zone de 20 x 20 kilom�tres (Ten Hallers -
Tjabbes et al., 1996). 4.
DESCRIPTION DE L�ORGANISATION PROFESSIONNELLE BASSE-NORMANDE DU BULOT. 4.1. G�n�ralit�s. 4.1.1.Caract�ristiques de la zone d�exploitation Le golfe Normand Breton est limit� par les c�tes de
Bretagne et du Cotentin (Figure 20 ). Il est caract�ris� par l�amplitude exceptionnelle des mar�es (11.5
m�tres de marnage en vive eau moyenne dans la baie du Mont Saint-Michel), des
profondeurs toujours inf�rieures � 50 m�tres et de nombreuses �les dont
beaucoup ne d�couvrent qu�� mar�e basse.
L�important brassage des eaux d� au courant de mar�e
et � la houle emp�che la formation de thermocline (couche d�eau dont la temp�rature
diminue rapidement avec la profondeur) et r�duit l�amplitude de la variation
saisonni�re de la temp�rature de l�eau.
Figure
20 : Le golfe normand-breton. La c�te ouest cotentin b�n�ficie d�un climat oc�anique
temp�r� tr�s largement influenc� par les courants atmosph�riques frais et
humides venant de l�Atlantique. Les vents sont de dominante nord-ouest et les
coups de vent de secteur ouest. Les fonds sont principalement compos�s de graviers
et de m�lange sables et graviers, type de s�diment propice � l�existence de
buccins sur cette zone.
Figure 21
: S�dimentologie des fonds de l�ouest-cotentin 4.1.2. Historique de la p�cherie. Le buccin �tait d�j� utilis� au XV�me si�cle
par les Bretons et les Normands comme app�t pour la p�che � la morue sur les bancs de
Terre-Neuve. Joubin(1911 in Santarelli,1985) est l�un des premiers auteurs �
d�crire la p�che au buccin dans le golfe normand-breton : capture de quelques centaines de kilo par an, � pied
et � la drague. Les premiers casiers ont �t� utilis�s dans les ann�es
50. Depuis, la production dans cette zone est pass�e de quelques tonnes � plus
de 10 000 (CRPMBN, 2001). 4.1.3. La flottille. Pendant longtemps, le buccin a fait partie des captures accessoires des dragueurs de praires qui avaient le droit de commercialiser 10% du tonnage total d�barqu�. Depuis 1995, seuls les caseyeurs sont autoris�s � d�barquer du bulot. La flottille de bulotiers est constitu�e de bateaux
de moins de 12 m�tres exploitant une zone entre la Baie du Mont Saint-Michel et
le cap de Flamanville pour les limites sud et nord et entre la c�te
Ouest-cotentin et environ 20 km � l�Est (Photo 3 ).La zone territoriale exclusive de Jersey (3 milles)
est tr�s contr�l�e par la police douani�re et ne peut �tre exploit�e par
les bateaux fran�ais. Cet endroit quasiment vierge d�exploitation est mis �
profit par les p�cheurs d�Agon-Coutinville � Pirou. Ces p�cheurs
ayant des bateaux suffisamment puissants pour atteindre la limite des
eaux territoriales. Les zones de p�che d�pendent des accords de
cohabitation avec les chalutiers et, tous les deux mois les zones r�serv�es
aux chalutiers sont modifi�es.
Photo 3 : Pont d�un bulotier 4.1.4. Techniques de p�che. Jusqu�en 1978, le buccin �tait p�ch� avec des
casiers en osier, fabriqu�s artisanalement. Depuis, l�utilisation de casiers
en plastique s�est g�n�ralis�e. Le corps du casier en plastique
s�articule sur une base en ciment servant de lest (Photo 4 ).
L�ensemble p�se une douzaine de kilogrammes. Ils sont gr��s en fili�res de
plusieurs casiers (entre 40 et 60 par fili�re), l�espacement entre chaque
fili�re �tant d�environ 10 m�tres.
Photo
4 : Casier en plastique 4.2. L�organisation dans
la r�gion Ouest-Cotentin. 4.2.1.
Description du syst�me de licence pour cette esp�ce. Actuellement, la p�che du bulot est le plus souvent
l�activit� principale des bulotiers. 35% d�entre eux n�ont pas d�autre activit� que
le bulot, les autres pratiquent �galement le casier � crustac�s (homard,
araign�e), le casier � seiche ou le filet. Selon le CRPMBN de nombreux armateurs
exercent aussi une activit� conchylicole, mais les p�cheurs de bulots,
pour la plupart, ne participent pas � cette activit�. Le prix de vente �tant
de plus en plus int�ressant, les p�cheurs tendent � exploiter cette p�che
toute l�ann�e (en 1999, 80% l�exploite douze mois par an). Les principaux ports ou abris de d�barquement sont
Granville avec 35% des bateaux, Pirou (26%) , Gouville (20%), Blainville (8%) (figure
22).
Figure 21 : Sources : CRPBNIl n�existe que 4 ports sur la zone Ouest-Cotentin
: Granville, Carteret, Dielette et Portbail. Les horaires de sortie des bulotiers rattach�s �
ces villes sont conditionn�s par des horaires de pleine et basse mer. Agon-Coutainville, Blainville et Pirou n�ont aucune
structure portuaire et les mar�es sont plut�t conditionn�es par la demande et
la vente. Cette zone a une grande activit� conchylicole et les bateaux
appartiennent souvent � des armateurs. Les bulotiers utilisent des doris pour
atteindre leurs bateaux amarr�s � une centaine de m�tres de la plage. Les �quipages sont en g�n�ral compos�s de trois
hommes : un patron et deux matelots. Quelques bateaux pour qui le bulot n�est pas
l�activit� principale travaillent � un homme d��quipage ou deux. On rencontre actuellement des bateaux avec quatre
hommes inscrits aux Affaires Maritimes, un matelot restant � terre. 4.2.2.Gestion de la p�cherie de la zone
Ouest-Cotentin. La forte augmentation de la demande du buccin a
provoqu� l�intensification de la pression de p�che sur le stock. Suite �
cela, les p�cheurs, par l�interm�diaire du CRPMBN, ont d�cid� de mettre en
place des mesures d�organisation et de gestion de la p�cherie. Les premi�res mesures datent du d�but des ann�es
80 avec l��tablissement de quota et l�ouverture de la cri�e de Granville (Figure
23).
Figure
23 : Ports ouest
cotentin (sources CLOC) La p�cherie a ensuite connu de nombreuses phases de
r�glementations et de d�r�glementations li�es au manque de coh�sion des p�cheurs
(Annexe 1). Les cri�es ont par exemple plusieurs fois ferm�es, les bulotiers
vendant � la fois en cri�e et
hors cri�e. En Basse - Normandie, le suivi des p�cheries est
assur� par trois organismes : le CRPMBN , les Affaires Maritimes et IFREMER. Le comit� R�gional des p�ches de Basse - Normandie
est situ� � Cherbourg. Avec le soutien du Comit� local C�te - Ouest, il est
charg� de plusieurs missions : - mettre en place des mesures visant � assurer une
gestion �quilibr�e des ressources marines. - fournir une assistance technique aux activit�s de
la p�che maritime et des �levages marins de la r�gion. - contribuer � des exp�rimentations, des travaux de
recherche, des �tudes socio- �conomiques, ainsi qu�� leurs applications
dans le domaine de la mise en valeur de la ressource marine et aquacole. Le laboratoire �Ressources Halieutiques� d�IFREMER
de Port-en-Bessin est charg� de donner des avis scientifiques sur l��tat des
stocks aupr�s des instances administratives de la r�gion Basse-Normandie
(charg� de la gestion des p�ches au niveau national et communautaire). Les
travaux de la station s�inscrivent principalement dans un th�me d�IFREMER
intitul� �gestion durable des ressources halieutiques�. Elle a pour mission
de : - Collecter et analyser des donn�es sur les
ressources exploit�es et sur les activit�s. - Emettre des avis et r�aliser des expertises. - Assurer le transfert des connaissances. Trois chercheurs et deux techniciens se chargent de
suivre les esp�ces soumises � des quotas europ�ens (sole, plie, maquereau...)
et les autres esp�ces exploit�es (coquilles Saint-Jacques, buccins,
ormeaux...). Un statisticien des p�ches et un enqu�teur, interm�diaires
entre les professionnels et les scientifiques, r�coltent les informations sur
les activit�s de p�che et de production des bateaux. Les membres de cette
station sont d�origines diverses,
chacun mettant ses sp�cificit�s (dynamique des populations, statistiques,
travail en laboratoire, travail sur le terrain... ) au profit de l��tude de
la p�cherie de cette r�gion. Le CRPMBN, a fait de gros effort sur le
traitement des statistiques. Les mesures de gestion actuellement en place sont le
r�sultat d�un long travail de discussions entre p�cheurs et membres des
comit�s locaux ou r�gionaux des p�ches maritimes. En France, seul l�Ouest
Cotentin poss�de de r�elles r�glementations destin�es � g�rer la ressource
en buccins. Les autres zones de p�che �tant
des lieux de d�barquements de petites quantit�s ou ayant des r�glementations
� but commercial
Tableau
5 : Source :
CRPMBN : r�glementation en vigueur dans les diff�rentes zones de p�che
du Nord de la France en 2001 (annexe). Voici les principales mesures de gestion actuelle :
environ 80 licences de p�che de buccins sont attribu�es. Elles permettent
d�exploiter la zone Ouest Cotentin avec comme limite Nord La Hague et comme
limite Sud le parall�le de la Pointe du Groin. Cette licence ne peut �tre
attribu�e qu�aux p�cheurs exer�ant l�activit� de p�che maritime et
ayant effectu� leurs d�clarations statistiques de production de l�ann�e pr�c�dente
et aux bateaux de moins de 12 m�tres titulaires d�un permis de mise en
exploitation. En cas de changement d�activit� du propri�taire,
la licence revient au Comit� R�gional des p�ches (Tableau 5 ). Les conditions d�exploitation sont les suivantes - la p�che du buccin est autoris�e toute l�ann�e,
du lundi au vendredi (sauf les jours f�ri�s). Pendant la p�riode du 20 au 31
d�cembre, la p�che est autoris�e tous les jours sauf les 24, 29, 30 et 31 (d�cembre 2001). - la taille minimale de p�che est de 4,5 cm (mesur�e
dans la hauteur) - le calibrage des bulots doit �tre obligatoirement
effectu� sur la zone de p�che afin de pouvoir rejeter imm�diatement � la mer
les animaux de taille inf�rieure � 4,5 cm. - l��cartement des barrettes de la ligne de tri ne
devra pas �tre inf�rieur � 19 mm. - le seul engin autoris� pour la p�che du bulot est
le casier. Le nombre de casiers utilis�s est limit� � 720 par navire. Les
quantit�s p�ch�es et d�barqu�es sont limit�es � 350 kilos par jour et par
homme embarqu� avec un maximum de 1050 kilos par jour et par navire. Les conditions de d�barquement sont les suivantes - Seuls les navires titulaires de la licence sont
autoris�s � d�barquer les bulots. - Les ports ou lieux de d�barquements autoris�s
sont : Granville, Bricqueville Sur Mer, Agon Coutainville, Blainville Sur Mer,
Gouville Sur Mer, Pirou, Saint-Germain Sur Ay, Portbail, Carteret, Dielette,
Cherbourg. - Chaque navire est tenu de d�barquer et de peser ou
de faire peser ses apports dans les lieux de mouillage pr�cis�s ci-dessus. - Les captures doivent obligatoirement �tre d�clar�es
au Comit� R�gional des P�ches Maritimes de Basse-Normandie. L�application de ces r�glementations est contr�l�e
par les Affaires Maritimes. La commission �bulot�, orchestr�e par le
C.R.P.M.B.N, se r�unit 3 � 4 fois par an afin de mettre � jour les r�glementations
et attribuer les licences. A titre d�exemple, en 2000 les quantit�s p�ch�es
et d�barqu�es �taient limit�es � 400 kilos par homme embarqu� avec un
maximum de 1 200 kilos par bateau. En 2001, ces chiffres ont donc �t� revus �
la baisse dans le but de pr�server la ressource (Annexe ) . 4.2.3.Syst�me de soutien et de mise en march� du
buccin. L�Organisation de Producteur de Basse - Normandie
(OPBN) a pour mission d�appliquer un prix de retrait d�finit par rapport �
la r�glementation europ�enne. Ce prix de retrait constitue une forme
d�assurance contre les accidents du march� (si le produit a du mal � se
vendre). L�OPBN permet �galement un accompagnement au march� de la cuisson
et une aide � la cong�lation. L�adh�sion � l�OPBN n�est pas obligatoire.
D�apr�s le directeur Richard Brouze, sur 80 bulotiers en basse Normandie, 41
sont adh�rents. Une grande partie des bulotiers adh�rent donc �
cette politique de prix et versent 3.5% de cotisation. Les non adh�rents se r�f�rent
au prix fix� en cri�e. Une cotisation de 11 centimes �/ Kg est demand�e
pour la cong�lation. En 2001, 1 850 tonnes de bulots ont �t� congel�es. Depuis 1998, le prix du bulot n�a cess�
d�augmenter d�o� un prix de retrait qui a suivi la m�me courbe. En effet,
en 1998, le prix de retrait du bulot �tait fix� � 0.46 � / kg contre 0.49
� / kg en 1999. Il y a eut une augmentation de 7 %. De 1999 � 2000, l�augmentation a �t� de 25 %. De
0.49 � / kg on est pass� � 0.61 � / kg. La plus forte �volution s�est faite entre 2000 et
2001. Avec une croissance de 51 %, le prix de retrait du bulot est pass� de
0.61 � � 0.92 � (Tableau
6 et figure 24). L�OPBN propose aussi deux contrats aux p�cheurs : - prix minimum contrat : qui permet de congeler
les bulots mais aussi de les stoker. - prix maximum contrat : qui permet la cong�lation
et la cuisson. Le premier a un prix de 1.14 � / kg. Le second a un prix de 1.75 � / kg.
Tableau 6 :
Source : OPBN Le
prix de retrait a augment� de 101 % de 1998 � 2001. Le
prix du bulot a logiquement lui aussi progress�.
Figure
24 : Prix mensuel du bulot �
Granville (adh�rents OPBN) 4.2.4. Caract�ristiques et calendriers d�activit�
des navires. Les caract�ristiques de tous les navires par ann�e
et les m�tiers pratiqu�s peuvent �tre accessibles, de mani�re exhaustive,
dans les fichiers POP tenus � jour par le Centre Administratif des Affaires
Maritimes. La puissance, la longueur, la jauge et l�effectif de l��quipage
sont donc connus pour chaque ann�e. Les calendriers d�activit� des navires sont connus
de 1990 � 1997 de mani�re exhaustive � partir des calendriers d�activit�
recueillis par les enqu�teurs d�IFREMER. Ils donnent pour chaque mois et
chaque m�tier les mois de p�che gr�ce � une codification binaire. Les informations 1998-1999 sur les calendriers
d�activit� sont seulement informatives et seuls les m�tiers pratiqu�s et le
nombre de mois d�activit� global sont disponibles, informations trop peu pr�cises
pour les utiliser pour une analyse mensuelle. Pour cette ann�e, seuls les
calendriers des bateaux ne pratiquant que cette activit� ont pu �tre utilis�s.
Une nouvelle strat�gie de travail de terrain s�est mise en place depuis 1999
avec des enqu�teurs charg�s de r�colter des informations et d�instaurer un
dialogue avec les p�cheurs. Le calendrier 1999 pour les bulotiers reste
incomplet. 4.2.5. Donn�es de production et d�effort. Les statistiques de p�che de la production de bulots
ont �t� obtenues � partir des d�clarations
rendues au CRPMBN (bateaux de moins de 10 m�tres) et aux Affaires
Maritimes (bateaux de plus de 10 m�tres) sous peine de suppression de la
licence. Malgr� cela, la base de donn�es depuis 1990 reste incompl�te et ce,
surtout pour les bateaux vendant leur production hors cri�e. De mani�re g�n�rale,
on ne sait pas si les donn�es de production non pr�sentes sont le fait d�une
exploitation nulle du bulot (� un mois donn�) ou si l�information n�est
pas connue. Depuis 1990, les donn�es d�clar�es de production
et d�activit� ont �t� corrig�es gr�ce aux bonnes connaissances du terrain
(bulotiers et certains membres de CRPMBN). Ces informations valid�es ont �t� consid�r�es
comme justes Les informations sur l�effort de p�che sont aussi
tr�s incompl�tes, les p�cheurs n��tant oblig�s de pr�ciser ni leur
nombre de casiers, ni leur calendrier d�activit�. D�apr�s Santarelli (1985), le temps d�immersion
ne semble pas avoir d�influence sur les captures apr�s un certain nombre d�heures de p�che (4 heures
environ). Les casiers sont relev�s toutes les 24 heures pour tous les
bateaux. Le temps de p�che du casier n�est donc pas un bon indice d�effort
de p�che et le nombre de casiers relev�s par mar�e semble donc �tre l�unit�
d�effort la plus pertinente. Ces donn�es �tant disponibles, Santarelli
(1985) avait utilis� le nombre potentiel de casiers mis � l�eau, c�est-�-dire
le nombre de casiers que poss�de un p�cheur. D�apr�s les enqu�tes effectu�es,
le nombre de casiers relev�s par mar�e diff�re d�un jour � l�autre (la
capturabilit� d�un casier �tant extr�mement variable). Ces donn�es,
difficiles � obtenir (compte tenu des fortes variabilit�s, ne sont toujours
pas recueillies et seul le nombre de casiers par bateau est disponible (quand
l�information existe). Comme pour les donn�es de production, il est
impossible de v�rifier l�exactitude des donn�es d�effort transmises. Lors
des enqu�tes, plusieurs p�cheurs ont cit� l�existence de bulotiers poss�dant
environ 1 000 casiers. Les r�glementations sur les tailles et les quantit�s
autoris�es ne seraient pas suivies par une partie des p�cheurs (10 %). Les
informations de production et l�effort disponible ne donnent donc
pas une vision tr�s juste de l�exploitation de la zone Ouest Cotentin. 4.2.6 .Evolution de la flottille buloti�re On peut observer de 1995 � 1999 une �volution du
bulotier au niveau de la jauge, de la puissance et de la longueur (Tableau
7 ).
Tableau 7 :
Source CRPMBN
Cette tendance � une plus grande variabilit� des
jauges de la flottille de bulotiers s�explique
par l�apparition de catamarans � moteur tr�s puissant de longueur moyenne et
de grande jauge. Il en existe deux sur Granville et trois sur Carteret. Ces
bateaux pr�sentent plusieurs avantages, notamment sur Carteret o� les
conditions de p�che sont dangereuses
en raison de courants violents et d�une forte houle. - L�espace � bord de ces catamarans �vite les
accidents et facilite le travail des matelots - Les intemp�ries n�emp�chent pas ce type de
bateau de sortir. - Les temps de p�che sont minimis�s par la vitesse
qui leur permet de p�cher leur quota facilement en allant sur des zones peu
exploit�es et par leur faible tirant d�eau qui leur permet d�entrer dans
les ports alors que la profondeur d�eau est faible. Le nombre d�hommes � bord ainsi que le nombre de bulotiers a aussi largement augment� de 1995 � 1999 (tableau 8 )
Tableau 8 :
Source CRPMBN
L��quipage moyen par bateau en 1990 �tait de 2.3 (Figure
25 ) et, en
1999, de 2.8. Ceci est li� �
l�augmentation du nombre de bateaux exploitant le bulot � plein temps et au
fait que le quota r�glementaire (en fonction du nombre d�hommes � bord, soit
un maximal pour trois hommes et plus). Cette r�glementation en place depuis
1997 influe donc aussi indirectement sur la pression de p�che tout en am�liorant
les conditions de travail des p�cheurs.
Figure 25 : Nombre d�hommes embarqu�sLe mat�riel informatique est sans cesse en �volution
dans le secteur de la p�che. Le GPS, existant depuis plus de 10 ans, est d�j�
un progr�s tr�s important d�une part, pour la s�curit� et, d�autre part,
pour la localisation et le suivi quotidien des coordonn�es de p�che. La pr�sence de radars et de sondeurs de plus en plus
sophistiqu�s favorise une exploitation de plus en plus syst�matique des
bulots. Certains sondeurs donnent
la nature du substrat. La pr�sence des bulots et leur capturabilit� �tant
variable selon ce param�tre. L�existence de cartes informatiques et de pilotage
assist� par ordinateur permet aussi une augmentation du nombre de sorties en
mer et des p�ches �chirurgicales�. Par exemple, lorsque la fili�re est
totalement remont�e, le patron de p�che place en g�n�ral sa fili�re en
parall�le de celle qui vient d��tre relev�e. Avec les ordinateurs embarqu�s,
le p�cheur peut placer tr�s pr�cis�ment sa fili�re et donc exploiter la
zone de mani�re la plus optimale possible. Des bateaux de
petite taille investissent aussi dans ce genre de mat�riel qui est rapidement
amorti. Les p�cheurs, � l�aide de ces moyens technologiques, deviennent donc
de plus en plus performants. Certains d�entre eux pensent que le maintien des
rendements depuis 1990 serait d�
� l�utilisation de ces technologies de pointe. Ces �volutions ne sont pas
quantifiables et ne peuvent donc �tre prises en compte dans l�estimation de
l�effort de p�che. Les strat�gies de p�che ont v�ritablement �volu�
et notamment gr�ce au mat�riel informatique. En 1990-1995, tous les p�cheurs
suivaient traditionnellement des itin�raires selon la saison. En hiver, pour �viter
les risques d�intemp�rie, la zone pr�s des c�tes au-dessous des dix milles
�tait exploit�e puis, plus l��t� approchait, plus les bateaux partaient
vers l�ouest au-del� de 10 milles des c�tes. Actuellement, m�me si ce sch�ma
d�itin�raire suivant la saison est � peu pr�s conserv�, toutes les zones
sont exploit�es une bonne partie de l�ann�e et les zones plus ouest (avant r�serv�es
pour l��t�) sont exploit�es un, voire deux mois avant cette saison
(mai-juin actuellement). D�apr�s les p�cheurs, les zones habituellement
exploit�es l��t� donnent des rendements bien inf�rieurs qu�avant parce
que ces zones ont d�j� �t� p�ch�es le reste de l�ann�e. Cette situation
semble s�accentuer depuis deux ans avec une diminution sensible pr�s des c�tes. Les p�cheurs prennent aussi plus de risques. En
effet, la capturabilit� semble, d�apr�s
eux, plus importante sur les zones vaseuses ou sableuses. Ces zones sont
donc les premi�res exploit�es. La diminution de la ressource et le manque de
place disponible sur ce type de s�diment obligent les p�cheurs � travailler
des zones pr�s d��lots ou de rochers. Ces zones risqu�es pour la r�cup�ration
des fili�res � cause de la proximit� de rochers et de varech peuvent
provoquer la perte des casiers. Ces zones sont d�ailleurs exploit�es
seulement en morte-eau. 4.3. Evolution de l�effort de p�che 4.3.1. Evolution des zones de p�che. Voici les trois zones d�finies : - la zone 1 limit�e au sud par la c�te bretonne et
au nord par une ligne passant par le nord des Minquiers. - la zone 2 limit�e au sud par une ligne passant par
les Minquiers et au nord par une ligne Saint Germain sur Ay. - la zone 3 limit� au sud par une ligne Saint
Germain sur Ay et au nord par une ligne passant par le cap de Flamanville. Les zones de p�che 1 et 2 sont exploit�es depuis au
moins 20 ans. Elles n�auraient globalement pas chang�, except� sur Granville
o� quelques bateaux suffisamment puissants exploitent des zones plus Nord-Ouest
que les zones de p�che traditionnelles. La Baie du mont Saint-Michel n�est plus exploit�e
depuis une douzaine d�ann�es. Seul un ou deux bateaux y vont �pisodiquement,
cette zone �tant r�put�e pour la taille des bulots. La zone 3 est par contre
exploit�e seulement depuis 1990, ce d�placement de zones visant � pallier �
la diminution de la ressource pendant la saison d��t�. Des p�cheurs
travaillant habituellement la zone 2 ont suivi les premiers bateaux partant en
zone 3 et des bateaux de Carteret, Dielette et Portbail. Actuellement seuls les
p�cheurs affili�s � ces trois ports exploitent le bulot en permanence dans la
zone 3. Les p�cheurs de la zone 2, except�s ceux du Pirou,
ont cess� l�exploitation de la zone 3, dissuad�s par le temps de trajet, les
probl�mes de cohabitation et le faible prix de vente des bulots de grosse
taille. Les bulotiers du Pirou y vont l��t�, la zone nord
�tant moins touch�e par la diminution des prises li�es a l�augmentation des
temp�ratures (pr�sence de forts courants refroidissant la zone). La cohabitation entre les bulotiers du sud, les bulotiers du Nord et les chalutiers du Nord semble de plus en plus difficile l��t� 4.3.2.Evolution du nombre de bateaux Le nombre de bateaux exploitant le bulot au moins un
mois est pass� de 64 (sur 70) en 1990 � 81 (sur 82) en 2000. Le nombre de
licences a donc augment�, il a m�me doubl� pour les zones 1 et 2
(augmentation d�un tiers sur la zone 3). 4.3.3. Evolution du nombre de casiers. Il semblerait que les informations concernant le nombre de casiers donn�es au CRPMBN soient sous-estim�es pour quelques bateaux. De nombreux p�cheurs ont cit� l�existence de bulotiers travaillant avec un jeu de 1000 casiers (ceci n�apparaissant pas dans les d�clarations du CRPMBN). On voit globalement, que le nombre de casiers ainsi que leur moyenne par bateau a augment� (Tableau 9 )
*
il manque 6 d�clarations de production pour 1999 Tableau 9 : Source CRPMBNLe rendement de p�che au bulot par casier quant � lui
tend a diminuer m�me si la production continue a progresser. Ceci confirme
bien, l�augmentation de casier.
Tableau 10 :
Source CRPMBN 4.3.4. Productions d�barqu�es de 1990 � 1999. Les productions globales d�barqu�es ont presque
doubl� en 10 ans puisque, de 10340 tonnes en 1990, elles ont atteint 19014 en
1999 (Figure
26 ).
Les �volutions des quantit�s d�barqu�es suivent globalement les
modifications des r�glementations : - entre 1990 et 1994, l�augmentation de la production (quota de 900 kg par bateau) est li�e au nombre de licences (62 en 1990 contre 81 en 1993). - les ann�es 1995 (20000 tonnes) et 1996 (20400
tonnes) correspondent � une p�riode sans r�glementation. -
depuis 1997, un quota maximal a �t� �tabli, permettant la
stabilisation de la production (19 000 tonnes en 1999). -
La zone 1 est la zone de d�barquement la plus importante en 1999 avec
9200 tonnes (Fig ). La zone 2 a une production de 7332 tonnes en 1999. La zone 3
repr�sente un peu moins du tiers des d�barquements des deux autres zones (2472
tonnes). La zone 3 est la zone qui s�est d�velopp�e le plus en dix ans
puisque la production a augment� de 52 %. Les zones 1 et 2 ont connu un d�veloppement
similaire puisque les productions ont augment� de 46 % pour la zone 2 et de 44
% pour la zone 1. Ces r�sultats ne sont pas surprenants, puisque la
zone 3 est relativement r�cente. Pour la zone 1, l��volution de la
production serait simplement li�e � un nombre croissant de bateaux exploitant
cette zone. Pour les zones 2 et 3 cela s�expliquerait � la fois par le nombre
croissant de bateaux, et surtout par une augmentation du nombre de casiers.
Figure
26 : Evolution de la production totale (en tonnes) et par zone �
ouest-cotentin de 1990 � 1999 (Sources CRPBN) 4.4. Etat du stock sur les zones exploit�es Les �tudes halieutiques portent sur des stocks d�finis
: comme la fraction exploitable d�une population biologique consid�r�e comme
isol�e et homog�ne. Une identification biog�ographique des principaux
stocks exploit�s en Manche a �t� effectu�e par IFREMER et le MAFF(Anonyme,
1993). Le bulot n�a pas �t� �tudi�. Les bulots sont des animaux s�dentaires qui
n�effectueraient pas de migration ou d�importants d�placements. Leur d�veloppement
direct ne favorise pas la diss�mination des jeunes. Ces traits de vie semblent
favoriser l�isolement de petites populations de buccins et plusieurs travaux
ont montr� que les param�tres biologiques (croissance, taille � maturit�) de
cette esp�ce sont variables selon les conditions environnementales locales pour
des zones tr�s proches. En consid�rant la d�finition du stock ci -dessus,
la zone ouest - Cotentin serait donc compos�e d�une multitude de sous-unit�s
isol�es et homog�nes ayant des caract�ristiques biologiques diff�rentes.
Mais les concepts d�homog�n�it� et d�isolement restent relativement
vagues et peuvent �tre aussi interpr�t�s dans le cas du buccin Ouest-Cotentin
comme un stock g�n�tiquement homog�ne et isol� avec des caract�ristiques
biologiques diff�rentes li�es aux conditions environnementales locales. Certaines observations permettent de supposer que le
stock de buccin de l�Ouest-Cotentin serait relativement homog�ne : - Himmelman (1988) consid�re qu�il y a une
certaine mixit� entre sous-population, le bulot �tant une esp�ce relativement
mobile et � vie longue. S�il est vrai que les buccins n�effectuent pas de
migration, les femelles semblent se d�placer ( la distance parcourue est
inconnue ) pour pondre sur des substrats durs (rochers, pieux � moule,
casiers,...). Ce fait pourrait provoquer une relative dispersion. Les oeufs
pondus, m�me s�ils sont fix�s en amas, se d�tachent et, d�apr�s les p�cheurs,
il est assez fr�quent d�observer des capsules d��ufs d�river ou s��chouer
sur les plages pendant la p�riode de ponte. Une �tude sur la structure d�mographique du bulot
peut nous donner des �l�ments sur l��tat des stocks. Gr�ce � des �chantillonnages
relev�s sur des bateaux dans les zones 1, 2 et 3 on a pu soulever le
probl�me de la sous-taille. En effet, les sous-taille pour chaque bateau �chantillonn�
repr�sentent une part importante des casiers (entre 30% et 50%) quelle que soit
la zone �tudi�e. La proportion de buccin de petite taille d�pend du temps
d�exploitation d�un m�me emplacement. Il y a un effet d��puisement en
bulot de grosse taille qui sont les premiers � monter dans les casiers. Les
buccins de petite taille sont ensuite p�ch�s en quantit� importante. Les fili�res
des bateaux �chantillonn�s avaient d�j� �t� plac�es sur le m�me site
depuis plusieurs mar�es. La proportion de sous-taille est donc repr�sentative
dans le cas d�une zone fortement exploit�e. La fr�quence des individus d��ge 0 est extr�mement
variable d�une zone � l�autre puisque cette classe d��ge repr�sente 20%
en zone 1, 11% en zone 2 et 6% en zone 3. Les individus de plus de 5 ans repr�sentent
5% en zone 3 et de 2% en zone 1 et 2 Si globalement les fr�quences par �ge ne pr�sentent
pas de diff�rence entre zone, on peu observer tout de m�mes quelques
particularit�s � chaque zone : - dans les zones
1 et 3 la proportion de bulot �g�e de un an est respectivement
de 24% et 32% . Tandis que la zone 2 a 24% d�individus �g� de 2 ans. - Les zones 1 et 2 pr�sentent une d�croissance
nette des fr�quences par �ge � partir de 5 ans. Cette tendance est moins
marqu�e pour la zone 3. En cri�e la proportion d�individus de taille inf�rieure
� la taille minimale est comprise entre 7% et 56%. La plupart des bateaux se
situent au environ de 20% de sous-taille. On ne peut pas consid�rer, compte
tenu du nombre de bateaux en fraude, que la p�che de sous-taille soit
volontaire mais plut�t qu�elle r�sulte d�une m�thode de tri inadapt�e. Il appara�trait que la meilleure s�lectivit� est
obtenue gr�ce � la trieuse hydraulique, mais
cette m�thode n�est pas suffisamment efficace (16% de sous-taille).
Les tamis � �cartement de grille de 19 mm
laissent passer 25% de sous-taille. Celles de 20 mm : 15% et celles de 21
mm : 20%. 4. 5. Capacit� de la commercialisation � s�ouvrir de nouveau march 4.5.1. Vente et commercialisation Le march� fran�ais a pris son essor depuis 10 ans avec notamment les bulots cuits. En France, il est principalement vendu en grande surface, dans les poissonneries et dans les restaurants. Intermarch� a d�j� investi dans ce march� (usines de cuisson) et quelques armateurs travaillent pour eux. Des entreprises comme Mermonde, Monbrun, Kermar�e pour l�Ouest Cotentin ont investi eux aussi dans du mat�riel de cuisson pour le bulot et connaissent une belle r�ussite.
Figure
5 : Usine de cuisson ( photo Didier
Morineau) A l��tranger, il est export� principalement vers
la Belgique et les pays asiatiques (les premiers �tant le Japon et la Cor�e). Les Hollandais sont de gros n�gociants de buccins.
Ils les ach�tent en Angleterre, en Ecosse, en Irlande et les revendent en Extr�me-Orient.
Ils auraient investi dans une dizaine d�usines de d�corticage dans les �les
anglaises. Ces entreprises n�ach�tent pas de buccin sur le
march� fran�ais, le prix anglo-saxon �tant bien plus attractif ( 0.64 euro/kg
pour l�Angleterre contre 0.99 euro/kg en France). La Manche est le premier d�partement producteur de
bulots. Ce coquillage est la premi�re esp�ce n�goci�e sous la cri�e de
Granville, tant en valeur (36%) qu�en tonnage (41%). En 2001, il est pass� �
6883 tonnes (+ 9%) pour 8,86 Millions d�euros (+ 10,4%). 80 armements sont d�tenteurs d�une licence et 40 unit�s passent sous cri�e. Un tiers de la production est destin�e au frais et 2/3 � la transformation ( d�corticage, cuisson)
Photo 6 : Vente de bulots sous la cri�e de GranvilleEn 2001, 37 % des producteurs vendent leur buccin � la
cri�e de Granville, 37 % � des mareyeurs. Les autres passant par les march�s,
les poissonneries, les GMS et les usines de transformations.
Tableau
11 : Source CRPMBN. La vente hors cri�e reste toujours le mode de
commercialisation majoritaire. Elle donne une surcharge de travail, peut causer
des probl�mes de paiement et n�am�liore pas les prix de vente, les mareyeurs
s�alignant souvent sur ceux de la cri�e. Depuis que la Chambre de Commerce et
d�Industrie de Granville a organis� un ramassage des bulots � Pirou,
plusieurs p�cheurs ind�pendants �coulent d�sormais leur production sous cri�e.
4.5.2. La crise du
bulot � la fin de l�ann�e 2001
Faisons un rappel historique : Apr�s le mauvais temps de la fin d�ann�e 2000,
les 10 transformateurs clients de la cri�e (Granvillais, Bretons mais aussi
Belges ) ont manqu� de bulot. Ils ont donc d�cid� de stocker des bulots
pendant tout le premier semestre 2001. Non seulement le prix du bulot sous la cri�e de
Granville augmente de 40% sur les 6 premiers mois mais aussi le prix de retrait
qui passe de 0,92 � 1,14 euros alors que le bulot ne passait pas la barre des
0,46 euro il y a quelques ann�es. Le bulot devient une v�ritable mine d�or
pour les p�cheurs. Mais voil�, la crise du bulot commence � s�annoncer l��t�
dernier avec une absence de � coupure � (le bulot est
habituellement peu p�ch� l��t�) et par cons�quent un effort de p�che qui
reste constant. R�sultat, fin septembre, les cong�lateurs sont pleins. Et
comme peu de mauvais temps, la p�che continue, le march� est engorg�. D�but novembre, l�OPBN et la coop�rative de
mareyage Granvil�mer interviennent et rach�tent au prix de retrait 283
tonnes, sur une production hebdomadaire de 838 tonnes. Fin 2001, le prix de retrait tombe � 0.85 euro (au
lieu de 1,14 euros) et le nombre de jours de p�che est r�duit de 5 � 4 jours
avec un quota qui descend de 1050 kg � 900 puis � 700 kg pour 3 hommes embarqu�s.
Cette mesure � �t� appliqu� � tout le monde m�me ceux qui n�adh�rent
pas � l�OP. Depuis mi mai, on est revenu aux quotas d�avant
crise c�est � dire 1050 kg pour 3 hommes embarqu�s. Selon Richard Brouze,
les professionnels ont mis� sur la stabilit� des prix, estimant que les
apports suppl�mentaires augmenteront leur chiffre d�affaire et les
transformateurs ont assur� qu�ils poursuivraient leurs achats. Sur ce sujet, j�ai aussi interrog� plusieurs repr�sentants
de la fili�re :
transformateurs, mareyeurs et p�cheurs. Pour la majorit� des p�cheurs, la m�vente du bulot
en fin d�ann�e est due � trois facteurs : -
le sur-stock des transformateurs -
les importation -
une m�t�o favorable Pour certains mareyeurs et certains transformateurs,
il semblerait que la crise du bulot soit due principalement � l�augmentation
r�guli�re du prix du bulot mais aussi � cause d�un approvisionnement irr�gulier.
Certains se sont donc tourn�s vers l��tranger (essentiellement Angleterre et
Irlande ). Selon un des transformateurs interrog�, il ach�terait le bulot �
0.64 euros en Angleterre contre 1,22 euros � la cri�e de Granville. N�anmoins, ces professionnels seraient capable
d�absorber une quantit� plus importante de bulot fran�ais si des efforts �taient
faits au niveau du prix et de la qualit�. Il semblerait donc que NFM et l�OPBN
soient sur la bonne voie pour r�ussir leur pari sur la valorisation du bulot.
Je pense que cette voie ouverte permettra l�ouverture et le d�veloppement de
nouveaux march�s (march� asiatique�) 5. LE
POTENTIEL DE PRODUCTION ET DE COMMERCIALISATION EN BAIE DE SEINE ET
NORD-COTENTIN EXISTE-T-IL? 5.1. Existe-t-il
un potentiel de p�che au bulot en Baie de Seine? 5.1.1 Les freins � l�exploitation Selon Eric Foucher (IFREMER Port en Bessin ), il est
difficile de dire avec certitude � combien se monte la ressource en bulot dans
la Baie de Seine. M�me s�il existe des cartes de relev�s de concentration de
bulot, faite lors des campagnes COMOR (campagne destin�e a �valuer la
ressource en coquilles Saint-Jacques en Baie de Seine), elles montrent que les
bulots sont partout, notamment entre Port en Bessin et Grandcamp (figure
27).
L�engin utilis� pour la coquille Saint-Jacques n�est pas particuli�rement
adapt� � la p�che au buccin mais montre qu�ils peuvent �tre captur�s avec
une drague de petit maillage (anneaux de 50mm de diam�tre). On p�che des
buccins dans pr�s de 80% des traits. Les individus captur�s, sont de grandes
tailles (pouvant aller jusqu�a 10 cm) et marquent la pr�sence d�une
population inexploit�e en Baie de Seine. Le probl�me aujourd�hui, est que la
prise de bulot concerne que de gros individus qui se vendent beaucoup moins cher
sur le march�. La pr�sence de gros bulots montre bien qu�on �
affaire � des stocks vierges (ils ont le temps de vieillir). Dans
le circuit du bulot d�cortiqu�, tr�s int�ressant pour le march� asiatique,
les gros bulots blanc ont un rendement en chair tr�s sup�rieur aux bulots
verts, gr�ce � la faible densit� de leurs coquilles. Des p�cheurs de bulot en Baie de Seine, constatent
que leur production se vend � un prix plus faible. De plus, il appara�trait
que les bulots dans cette m�me zone, soient plus baveux et plus gras. Toujours
selon eux, il y a une forte pr�sence d��toiles
de mer sur le fond. Celles-ci, bouchent les casiers. Il y aurait vraisemblablement dans cette zone une
ressource suffisante pour une exploitation professionnelle mod�r�e. Un autre probl�me qui est loin d��tre n�gligeable,
est la cohabitation entre les p�cheurs. Il faut savoir que dans cette zone
naviguent plus de 200 bateaux tout
au long de l�ann�e, essentiellement des arts trainants (drague � coquille
l�hiver, chalut l��t�). Les arts trainants par d�finition, ratissent le
fond de la mer, ce qui limite �norm�ment la pose de casiers (les casiers �tant
emport�s avec les dragues ou les filets). Si les bateaux r�guliers sont en moyenne 200, il ne
faut pas oublier la saison de la coquille Saint-Jacques qui elle,
augmente consid�rablement le nombre de bateaux sur la Baie de Seine.
Comment pourrait-on limiter la saison de la coquille Saint-Jacques sachant que
ces l�une des p�ches les plus rentables? La coquille Saint-Jacques se p�chant � la drague,
il semble difficile de mettre des casiers � bulot � la place. Les seuls bulotiers p�chant dans cette zone ne
peuvent travailler que sur une zone de 0.3 miles de large et 4 miles de long.
Les dragueurs ne pouvant pas p�cher dans cette zone ( trop pr�s des c�tes) . Les p�cheurs que j�ai interrog� ( de Granville,
de Blainville, de Gouville) ne sont pas du tout int�ress�s par une p�che en
Baie de Seine du fait de l��loignement et des probl�mes de cohabitation
entre les p�cheurs. Si les bulotiers en activit� ne semblent pas vouloir
aller p�cher dans cette zone, il appara�t difficile de former de nouveaux p�cheurs
de bulots sachant que le nombre de licences est limit�. Sur ce sujet, plusieurs
p�cheurs se sont plaints sur le fait que peu de jeunes aujourd�hui avaient la
possibilit� de s�installer dans cette activit�.
Figure
: R�partition spatiale et abondance des buccins en baie de Seine. COMOR 30 (26 juin � 7 juillet 2000 5.1.2. les solutions envisageables Pour limiter le risque d�un conflit il faudrait que
les organismes de professionnels aboutissent � des r�glementations pour
faciliter la cohabitation entre chaluts et bulotiers. Cela reste n�anmoins tr�s
difficile � mettre en �uvre compte tenu des mentalit�s et du poids de la p�che
chaluti�re par rapport a de nombreux m�tiers normands. La pr�sence d��toile de mer diminuerait si des
ramassages r�guliers �taient effectu�s mais tout ceci para�t difficile du
fait que ce ne soit pas une p�che rentable ( perte de temps, perte de gain). En ce qui concerne les gros bulots, m�me s�ils ne
sont pas commercialisables dans les circuits traditionnels fran�ais crus ou
cuits, ils peuvent servir au march� asiatique. Malheureusement, il n�existe
pas encore d�op�rateur fran�ais sur ce march� il semble donc difficile
d�entrer en concurrence avec d�autres pays qui sont d�j� pr�sents sur le
march� asiatique. Les hollandais et les canadiens sont d�j� tr�s performant
dans ce march� du fait d�une mati�re premi�re moins cher . 5.2. Existe-t-il
un potentiel de p�che au bulot dans le Nord Cotentin? 5.2.1. Les freins � l�exploitation Comme le montre la carte de s�dimentation, le Nord
Cotentin est une zone rocheuse. Un sol rocheux est non seulement dangereux pour
la navigation des bateaux mais aussi pour la pose de casiers. De plus, comme
nous avons vu pr�c�demment dans le chapitre biologie, le bulot pr�f�re les
fonds sableux. La concentration en bulots devrait donc �tre faible (figure
28). Les bulotiers rencontr�s ne se sentent pas concern�s
par une p�che dans cette zone en raison de l��loignement et de la dangerosit�
de la zone. Par cons�quent le Nord Cotentin reste une zone peu exploit�e. Les organisations de professionnels h�sitent aujourd�hui � d�livrer des licences pour la p�che au bulot estimant qu�ils sont d�j� assez nombreux et n�ayant aucune assurance que les bulotiers devant aller p�cher dans le Nord-Cotentin n�aillent pas mettre leurs casiers dans l�Ouest Cotentin. Enfin, il y a de fort courant dans cette zone ce qui peut entra�ner une perte des casiers.
Figure 28 : S�dimentologie du Nord Cotentin
5.2.2. Les solutions envisageables Il faudrait que des �tudes soient faites afin de conna�tre avec exactitude la concentration en bulots. Cette �tude encouragerait peut-�tre certains bulotiers � se lancer dans cette zone de p�che.Les organisations professionnelles pourraient d�livrer,
� titre exceptionnel, des licences permettant de travailler dans ces zones.
VI) LA
PROBLEMATIQUE DE L�ACCES A LA RESSOURCE. Comme on
a pu le voir, de nombreux facteurs influent sur l�acc�s � la ressource. La
limitation du nombre de licences (82) et par cons�quent du nombre de p�cheurs
rend l�acc�s � la ressource difficile. La difficult� � trouver de
nouvelles zones de p�che permettant le renouvellement des zones actuellement
surexploit�es, s�av�re difficile. Les zones pouvant abriter des gisements de
buccins comme par exemple la Baie de Seine connaissent des probl�mes de
cohabitation entre caseyeurs et arts trainants. De plus, m�me si la p�che au bulot semble rentable,
toute la difficult� r�side dans le fait de s�installer dans cette activit�
(co�t d�installation �lev�, sp�culation sur les permis de mise en
exploitation). N�anmoins, la r�glementation mise en place par les
professionnels est vitale quant � la p�rennit� de cette activit�, surtout si
l�on repense � la crise du bulot en fin d�ann�e 2001. Les p�cheurs
semblent �tre en accord avec ces restrictions comme la limitation des apports
journaliers, la restriction des sorties (jours f�ri�s), la taille minimale de
capture... Tout ceci montre bien la n�cessit� d�une gestion rigoureuse de la ressource en ce qui concerne son acc�s et sa r�glementation. VII) LA PROBLEMATIQUE DE LA COMMERCIALISATION. Face � l'augmentation de
la consommation du bulot, notamment cuit, il semblerait que cette p�che ait de
l'avenir. Certains professionnels (mareyeurs et transformateurs) ach�tent une
partie de leur produit � l'�tranger ce qui prouve que la production fran�aise
peut encore �tre augment�e. Aujourd'hui, ils veulent une r�gularit� des
approvisionnements, une garantie qualit� et un prix qui ne soit pas trop �lev�. Malgr� tout, ce secteur
d'activit� reste fragile et trop d�pendant de ses clients. La crise du bulot
en fin d'ann�e est une bonne illustration de cette fragilit�. L'extension � de nouveaux
march�s comme par exemple le march� Asiatique permettrait de solidifier cette
production voir de l'augmenter. D�velopper la vente de
bulot dans d'autres halle � mar�e que celle de Granville semble assez
difficile si l'on �coute certains bulotiers qui disent : � si le bulot ne se
vend pas � Granville, il ne se vendra nul part �. Ils ne veulent pas changer
de cri�e car Granville leur apporte une s�curit� de paiement, un r�glement
plus rapide, un prix int�ressant et un certain confort. Ce sont les r�ponses
qui ont �t� cit�es le plus souvent. La cri�e de Granville appara�t donc
comme la r�f�rence pour la vente de bulot. Certains bulotiers ont
aussi fait r�f�rence au fait que beaucoup de client achet� sur Granville. Les
bulots sont vendus dans des gr�les en plastique orange faisant 30kg chaque. La d�marche qualit�
entreprise par NFM ne pourra qu'aider � une meilleur commercialisation et �
une augmentation de la consommation. Aujourd'hui, le consommateur ne sait pas ce
qu'il a dans son assiette : bulot fran�ais ou bulot anglais ? La r�glementation
n'exige pas que la ville d'origine soit inscrite sur l'emballage mais juste la
zone de p�che c'est � dire l'Atlantique Nord ( que le bulot soit p�ch� dans
l'Ouest Cotentin ou en Angleterre). C'est pour cela que
certains transformateurs ach�tent � l'�tranger sans avoir peur du manque de
confiance des consommateurs. CONCLUSION
Ce travail m'a fait r�aliser
toute la complexit� d'une p�che que ce soit en amont ou en aval. De nombreux
param�tres sont � prendre en compte comme les mentalit�s, la r�glementation,
la ressource mais aussi le march�. D�velopper une p�cherie
du buccin dans le Nord Cotentin ou en Baie de Seine para�t au jour
d'aujourd'hui impossible en raison de nombreux facteurs tels que la limitation
des licences, la cohabitation entre les p�cheurs, la s�dimentologie .... De plus, cette �tude a �t�
r�alis�e en p�riode de crise du buccin, ce qui a entra�n� la m�fiance de
certains repr�sentants de la fili�re refusant toute rencontre et tout
dialogue. M�me si le march� du
bulot se porte bien, il reste n�anmoins fragile en raison des possibles
importations, de l'augmentation constante du prix et des irr�gularit�s
d'approvisionnement. La d�marche qualit� est
un grand pas en avant pour valoriser ce produit et par cons�quent d�velopper
une meilleure reconnaissance et de nouveaux march�s.
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