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J�ai
choisi ce sujet sur l�enseignement maritime, extrait du dossier de � P�che
Europ�enne � qui refl�te le malaise de vocation chez les jeunes
Europ�ens. PINSON Yves, Capitaine de P�che, Enseignant
Maritime. Assurer la rel�ve du m�tier de marin � p�cheur ! Le
m�tier de marin p�cheur est boud� par la jeune g�n�ration. La formation
professionnelle lui rendra-t-elle sa motivation ? Un
probl�me de rel�ve se fait sentir partout en Europe. Les jeunes se d�sint�ressent
du m�tier de p�cheur r�put� difficile et ingrat, parfois dangereux et, dans
l'ensemble, peu r�mun�rateur. L�image
du secteur semble bien peu attractive pour la nouvelle g�n�ration qui consid�re
la vie du p�cheur comme une vie de sacrifices et d'horaires parfois difficiles
qui n�offre pas de garanties de lendemains. Cette
question inqui�te de plus en plus les professionnels qui y voient une menace
suppl�mentaire pour l'avenir de leur m�tier. Face � la diminution des stocks
et l'affaiblissement de la rentabilit� des bateaux, beaucoup de p�cheurs sont
frustr�s par les perspectives moroses de la fili�re. Les jeunes potentiellement int�ress�s par la p�che h�sitent � se former au m�tier et � investir. Beaucoup d'�coles de p�che ont d� fermer ces derni�res ann�es � cause d'un manque d'�l�ves et, par ricochet, de financement public. Dans
le num�ro, �La P�che europ�enne� se fait l'�cho de cette pr�occupation
et consacre son dossier � la formation. Autrefois,
le m�tier de marin p�cheur, comme d'autres m�tiers d'ailleurs, se
transmettait de p�re en fils, sur le tas. Peu
de jeunes avaient alors la possibilit� de choisir une autre voie que celle de
leurs a�n�s, faute de moyens ou d'opportunit�s. Peu
� peu, cette tradition s'est estomp�e laissant la place � un large �ventail.
d'alternatives offertes notamment par l'extension de l'enseignement public. De
nombreux m�tiers d'artisans sont malgr� tous rest�s attach�s � cette
filiation orale o� le savoir se transmet de bouche � oreille, en prise directe
avec le terrain. Ce
passage de t�moin forme aujourd�hui encore de tr�s bons professionnels de la
p�che partout dans l'Union europ�enne. Mais
de plus en plus, les p�cheurs se voient confront�s � des d�fis li�s
notamment au progr�s technologique, � la p�nurie de poissons et � la
concurrence croissante au niveau mondial. Les
p�cheurs doivent, par exemple, �tre en mesure de ma�triser les nouvelles
techniques de p�che et de prot�ger la ressource contre la surexploitation en
utilisant des engins s�lectifs. L�approfondissement
des connaissances relatives au traitement soigneux des produits de la p�che est
�galement essentiel afin de compenser la baisse des captures par une
valorisation du produit qui rapporte un meilleur prix. Beaucoup
d'attention doit aussi �tre accord�e � des cours de s�curit� en mer pour r�duire
le nombre d'accidents toujours trop �lev� sur les bateaux de p�che. On
mesure l� toute l'importance de la formation et de son acc�s. Pour
r�pondre � la n�cessit� de former les p�cheurs, des initiatives de
formation sont prises ou encourag�es au niveau national et communautaire. La
plupart des �tats membres ont �tabli une formation sp�cialis�e pour les p�cheurs
m�me si on constate une certaine in�galit� des syst�mes �ducatifs. Les
enseignements les plus performants et les plus appr�ci�s semblent �tre ceux
qui offrent un �quilibre entre la th�orie et la pratique et qui se basent sur
des formations cibl�es, aussi bien pour les jeunes p�cheurs que pour les a�n�s. Au
niveau communautaire, la Commission europ�enne contribue par les Fonds
structurels � la promotion d'actions de formation. Dans
le cadre plus large de la r�vision de la politique commune de la p�che, la
Commission va pr�senter des propositions visant notamment � renforcer la
protection de la ressource et promouvoir la restructuration du secteur afin
d'assurer la viabilit� �conomique du secteur et garantir un avenir aux jeunes
p�cheurs. Dans
ce contexte, une bonne pr�paration ne peut que contribuer � valoriser le m�tier
et � assurer la rel�ve. Devenir marin - p�cheur dans l�Union europ�enne
Un enseignement a plusieurs vitesses D'aucuns
consid�rent la formation comme l'une des cl�s de la r�ussite professionnelle.
A
l'heure o� le m�tier de marin p�cheur se fait plus pointu compte tenu
notamment du progr�s technique, de l'�volution de la ressource ou encore du d�veloppement
de nouvelles concurrences, la formation devient, dans ce secteur,
incontournable. Affaiblie
par la crise qu'elle traverse, l'industrie de la p�che semble pourtant s'en d�tourner:
les bancs des �coles sp�cialis�es sont d�sert�s et les vocations de plus en
plus rares. L�enseignement
du m�tier, dont la responsabilit� incombe aux �tats membres, est tr�s in�gal
au sein de l'Union europ�enne. Parfois inexistant ou peu structur�, il souffre
souvent d'un manque de valorisation et de moyens. Avec
pour constante: une disparition de la main-d��uvre. Faut-il, dans ce
contexte, craindre pour l'avenir de la profession? On
dit souvent que la formation est ce qui valorise une profession. Le monde de la
p�che est-il l'exception � la r�gle? Longtemps,
les marins p�cheurs ont h�rit� du savoir-faire de leur p�re, peaufinant leur
habilet� au gr� de leur propre v�cu. Aujourd�hui
encore, ils sont nombreux � se passer le relais de g�n�ration en g�n�ration
sur les passerelles et les ponts des navires. Qui mieux que la mer elle-m�me
peut en effet livrer ses secrets? Le
progr�s a tout compliqu�. Les techniques modernes de p�che et de navigation n�cessitent,
pour tout p�cheur d�sireux de rester comp�titif, un minimum d'apprentissage. La
profession, elle-m�me, est devenue de plus en plus exigeante. Le
patron p�cheur d�aujourd�hui conna�t souvent l�anglais, l�informatique
et la m�canique, il a des notions de gestion. C�est
un m�tier complet mais aussi dangereux. Le marin doit �tre averti en mati�re
de s�curit� et de premiers soins. La
p�che comprend diff�rentes sp�cialit�s, et un navire, de nombreux postes pr�cis.
Le
petit p�cheur c�tier, qu�il travaille seul ou en famille, est quant � lui
appel� � remplir plusieurs taches en m�me temps. La
majorit� des �tats membres a pr�vu un enseignement � ad hoc �
pour ses p�cheurs. Mais
les dipl�mes requis, ainsi que les niveaux d'�tude propos�s diff�rent
fortement d�un Le
Danemark, sensibilis� aux probl�mes de recrutement, a mis en place il y
a 5 ans, un syst�me scolaire pour jeunes p�cheurs tout � fait sp�cifique et
complet. Il est un exemple � suivre dans l�Union europ�enne En
Espagne, une formation minimale est impos�e au marin: la � Competencia
� Maritima � qui pr�voit 100 heures de formation. Ces cours sont
organis�s dans des �coles ou, notamment l'�t� dans les ports, par les
Cofradias, les confr�ries de p�cheurs. Au degr� sup�rieur, une r�forme en pr�paration depuis 1990 entrera en vigueur d�s la rentr�e scolaire prochaine. Avant
cette �ch�ance, subsistent cinq �chelons obligatoires, � gravir l'un apr�s
l'autre pour acc�der au sommet: Capitaine de p�che. Apr�s
la r�forme par contre, le candidat pourra d'embl�e suivre le grade qui l'int�resse
sans plus passer par les niveaux interm�diaires.
La formation professionnelle espagnole esp�re ainsi renforcer ses cours
et �lever le niveau moyen. Deux
niveaux acad�miques, le � grado medio �et le � grado superior �, donnant
acc�s aux postes de cadres pour la p�che et pour la machine, sont instaur�s. Les
cours sont plus lourds: 2000 heures. Il est vrai que les nouveaux capitaines de
p�che ou chefs m�caniciens n�auront forc�ment pas navigu� autant que les
anciens qui seront pass�s, comme le voulait l'ancien syst�me, par chaque �chelon.
Mais
d'un autre c�t�, le nouveau capitaine de p�che pourra d�velopper sa carri�re
tant dans la p�che que dans la marine marchande gr�ce � la polyvalence de sa
formation, On
le voit, le niveau espagnol tend � s'�lever alors que de moins en moins de
jeunes choisissent cette carri�re. C'est
�galement le cas en Gr�ce, o� les niveaux d��tude sont assez
disparates. Ainsi, la Gr�ce compte beaucoup d��coles pour personnel
navigant. Leur
enseignement est exigeant et hautement qualifiant. Mais rien n�a �t� pr�vu
pour les marins p�cheurs, qui apprennent leur m�tier sur le tas et desquels,
forc�ment, aucun dipl�me n�est r�clam�. Pour
�tre patron p�cheur en Gr�ce, il suffit d�avoir plus de 18 ans, 5 ans de
navigation et d'�tre d�tenteur d�une licence individuelle de p�che. Les personnes dipl�m�es se dirigent vers d'autres
m�tiers. Au
Portugal, des formations sp�cifiques existent. Mais elles s'opposent �
une certaine r�sistance des professionnels, qui les trouvent trop th�oriques. Depuis
1986, � Forpescas �, le plus important organisme de formation
professionnelle pour les p�cheurs du pays, propose aux futurs marins un module
obligatoire de 4 ans, dont 6 mois de cours pratiques. Le
dipl�me obtenu permet de s'inscrire � la capitainerie et donne une �quivalence
avec l'enseignement secondaire classique. Beaucoup
d��l�ves poursuivent ensuite leur cycle scolaire mais s'orientent vers une
autre profession. � Forpescas � dispense �galement des cours de
formation continue pour adultes mais ceux-ci, oblig�s d�interrompre pour cela
leur activit�, y renoncent bien souvent. L��cole
portugaise de p�che et de navigation commerciale de Lisbonne se consacre
essentiellement � la qualification des marins marchands. Les
marins p�cheurs peuvent y acqu�rir un dipl�me de �Ma�tre de c�te � ou de
� Ma�tre du large �, grades les plus �lev�s de la hi�rarchie. En
Belgique, o� un cycle secondaire complet de 6 ans a �t� pr�vu, la
formation est exclusivement d�livr�e en r�gion c�ti�re. L�institut
maritime provincial compte deux �tablissements accueillant des �l�ves �g�s
de 11 � 18 ans: le premier pr�pare essentiellement les machinistes et
techniciens naviguant, le second, les futurs matelots. Apr�s
un tronc commun de deux ans, les �tudiants optent pour l'une ou l'autre voie.
L�institut, tr�s bien �quip� � terre et en mer, ne propose toutefois que
peu de cours pratiques. Des formations du soir sont
�galement accessibles aux professionnels et aux ch�meurs. Nombre de dipl�m�s,
ici aussi, continuent sur leur lanc�e et briguent des grades sup�rieurs. En
France, la
formation aux m�tiers de la mer rel�ve, des comp�tences du Minist�re
de l'Equipement des Transports et du logement Douze
�coles de cette fili�re publique sont ouvertes sur le littoral, quatre autres
se consacrent � la formation continue. Les
titres qu'elles d�livrent sont indispensables pour �tre embauch�. Le CAP
(certificat d'aptitude professionnelle) de marin p�cheur donne acc�s au BEP
(brevet d��tudes professionnelles) de conduite et exploitation des navires de
p�che ou encore au BEP de machines marines. Toutes
ces formations durent 2 ans et comportent quelques semaines de stages. Un an de
cours suppl�mentaire permet d�obtenir le brevet de lieutenant, auquel il faut
ajouter 3 mois pour devenir patron de p�che, � condition d�avoir au moins 21
ans. Bien
qu�am�lior� r�cemment, beaucoup d�plore ce syst�me qui permet � de tr�s
jeunes gens d��voluer bien vite dans la hi�rarchie. A
contrario, l'Irlande, sous la responsabilit� du BIM (Office national de
la mer), procure avant tout aux futurs professionnels un enseignement sup�rieur
tr�s bien organis� accessible aux plus de 18 ans, via deux �coles
attitr�es. Originalit�
� signaler, dans le domaine de la formation continue: deux unit�s mobiles
sillonnant la c�te proposent des formations de quelques jours aux p�cheurs, �vitant
� ces derniers le manque � gagner engendr� par des modules plus longs. Au
Royaume-Uni, les professionnels r�servent un bon accueil aux formations
d'un jour organis�es sous l'�gide de l'organisation � Sea Fish Industry
Authority �. Pour
les d�butants d�sireux d'occuper un poste � responsabilit�, la qualification
requise d�pend de la taille du navire et de la zone de p�che qu�ils
convoitent. Les
dipl�mes sont d�livr�s par diff�rents �tablissements de formation. Ces
derni�res ann�es, l'accent a davantage �t� mis sur les cours � intra-muros�,
au d�triment de la pratique. Tous
les professionnels, d�butants ou exp�riment�s, sont contraints de suivre un
� safety training� (formation sur la s�curit� en mer). Quelques
organisations ind�pendantes proposent �galement des cours cibl�s. C'est le
cas, en Ecosse, du Seafood Scotland. Aux Pays-Bas, les niveaux d��tude requis d�pendent
�galement de la longueur et de la puissance du navire, ainsi que de la zone de
navigation. Six �coles publiques couvrent le territoire national: 3 pour l'enseignement technique, 3 pour le degr� sup�rieur. Pass�s l'�ge de 23 ans, les p�cheurs actifs ont la possibilit� de suivre des cours priv�s. Depuis quelques ann�es, le nombre d'�tudiants tend � d�cro�tre. Selon les observateurs, cette tendance se marque dans l�ensemble des �coles techniques toutes orientations confondues. Comme dans la plupart, des �tats membres, l'industrie de la p�che p�tirait en sus d�une image peu attrayante. Diverses actions de promotion
ont �t� lanc�es par les autorit�s pour y rem�dier. Deux niveaux d��tude coexistent de la m�me mani�re
en Allemagne. Une �cole de p�che admet les �tudiants de 16 � 21 ans, souhaitant se former au m�tier. Une
seconde formation, sup�rieure, s'adresse aux futurs capitaines de plus de 21
ans. Ces
deux �coles de p�che se situent sur la c�te balte et dispensent leur
instruction, mi-th�orique, mi-pratique, en 3 ans. Chacune d�livre un dipl�me,
obligatoire pour exercer. Les
�tudiants gagnent leur vie lors des stages. Des cours pour adultes et ch�meurs
sont �galement pr�vus, mais de moins en moins fr�quent�s. La
Finlande observe, elle aussi, chez les jeunes un net d�sint�r�t pour
la profession de p�cheur. Trois
�coles secondaires y accueillent les plus de 16 ans qui se destinent au
secteur. Apr�s
un an de Cours communs, ils optent pour un m�tier pr�cis: aquaculture,
transformation ou p�che. Les
�tudes durent 3 ans, dont la moiti� se passe en mer. Entre
ce niveau et l'universit�, existe un institut polytechnique pour officiers. Des
�coles professionnelles r�parties dans tout le pays proposent quant � elles
des formations ponctuelles courtes aux p�cheurs exp�riment�s. Deux pays n�ont pas d�velopp� d'enseignements sp�cifiques:
l'Italie et la Su�de. Dans
la p�ninsule italienne il suffit en effet d�avoir atteint l'�ge de 15 ans et
de passer une visite m�dicale pour �tre embauch� sur un navire. L�exercice
de la profession de p�cheur exige toutefois un pr�alable: avoir travailler sur
un bateau en tant que mousse pendant 12 mois. Quinze
�coles dispensent, aux adolescents int�ress�s, une formation de patron de p�che
de trois ans. Mais ce
dipl�me n�est pas obligatoire pour exercer. En
Su�de, il n�existe aucune �cole pour marin p�cheur. L�association
nationale des p�cheurs est actuellement en train de travailler, avec les
transformateurs, � la cr�ation d'un enseignement � destination de l'ensemble
du secteur. Des
activit�s de formation pour les p�cheurs, on le voit, sont organis�es dans
presque tous les �tats membres de l�UE. Le
caract�re et la structure de ces activit�s diff�rent consid�rablement d'un
pays � l�autre selon leurs sp�cificit�s. Quelques
pays ont �tabli des formations assez cibl�es tandis que d'autres ont opt�
pour des formations d'une nature plus g�n�rale. La
formation est un outil important en vue de former les p�cheurs de demain et
d�assurer la rel�ve. Mais
le travail de recrutement n�est pas facile. Le m�tier souffre dune image plut�t
n�gative et, dans certains �tats membres, on a d�cid� de lancer des actions
de relations publiques pour rectifier cette image largement injuste. Une
chose est s�re : aujourd�hui comme demain, le marin p�cheur doit poss�der
une multitude de comp�tences et une grande flexibilit�. Il doit s�y pr�parer.
Mais pour quelle fin ! Exercer un m�tier des plus qualifi�s et des plus palpitants de la... terre.
Il
para�t que certains poissons n�h�sitent pas � prendre la parole ! |
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